dimanche 6 novembre 2016

LA MECANIQUE DES MOTS

LA MECANIQUE DES MOTS ©
Ecrit par Christel Lacroix auteur

Cachée dans le grenier à l'abri du monde bruyant
Je venais la retrouver là chaque jour en souriant
J'enfonçais mon doigt sur la lettre A et je rêvais
La magie naissait alors et je me laissais emporter

Le bruit sec du levier frappait le papier fragile
L'encre noire faisait naître une lettre indélébile
Je devenais fée au pays des mots qui naissaient
J'étais écrivain au pays des phrases terminées

Son ruban rouge et noir dansait à fleur de peau
Laissant échoir une lettre sur la plage des mots
Mes doigts s'envolaient à son rythme effréné
Une histoire déroulait son tapis à mes idées

Assise en face d'elle je lui racontais mes secrets
C'était ma pure confidente mon amie du grenier
A chaque point je poussais le levier du chariot
Pour revenir à la ligne et ne pas en écrire trop

J'aimais cet instant où l'on osait passer à la suite
Dans un geste mécanique répété à la va-vite
Comme quand on a le cœur beaucoup trop gros
Et que l'on s'efforce de mettre le cap vers le beau

Mes pensées déambulaient collées au papier blanc
Parfois le carbone les recopiait inlassablement
Je rattrapais son fragile vélin me salissant les doigts
Comme si j'eus touché les ailes d'un papillon de soie

Le bruit rythmé des leviers entonnait une mélodie
Je devenais musicienne au pays magique des écrits
Le monde dehors disparaissait doucement en silence
Nous étions seules à regarder les caractères en transe

Le clavier donnait un relief noir à mes doux délires
Je pouvais presque caresser mes mots et les sentir
Je déroulais alors le papier en tournant le rouleau
Et je libérais doucement mes histoires de leur étau

Emportant ma feuille remplie de mots tel un trophée
Je saluais ma machine à écrire d'un sourire apaisé
Et je partais en apesanteur vers ce monde indécis

Où j'allais pouvoir inventer d'autres histoires inouïes


JE REGARDAIS L'AUTOMNE GLISSER A MES PIEDS

JE REGARDAIS L'AUTOMNE GLISSER A MES PIEDS ©
Ecrit par Christel Lacroix auteur


La belle saison venait de tirer sa révérence
Le soleil de l'été s'en était allé en itinérance
Je regardais glisser l'automne à mes pieds
J'entendais les feuilles rouges s'éparpiller

D'habitude la tristesse creusait mon cœur
Mais en te regardant sourire avec douceur
Je retrouvais le soleil de mes pensées perdues
Tu étais devenu l'astre de ma saison déchue

Le vent s'engouffrait entre les arbres dénudés
Le brouillard brouillait la cime de leurs idées
Ce paysage décoloré me semblait presque beau
Tes yeux y devenaient mes plus précieux joyaux

La pluie froide et soudaine giflait mon visage
Elle battait à mes tempes diluant le paysage
Et moi je ne voyais que toi m'ouvrant tes bras
Là j'y étais à l'abri du monde et de mille tracas

Je respirais l'odeur de ta peau mêlée à la forêt
Tu étais devenu ma raison et ma saison préférée
Les oiseaux cherchaient désespérément leur nid
Je ne sentais plus le froid l'amour m'avait transie

L'hiver pouvait alors étaler son lourd manteau blanc
Notre monde si beau existait ailleurs et maintenant
Nos prénoms gravés sur le tronc du vieux hêtre
Resteraient là une éternité souvenirs de nos êtres

Nous avons marché sur les feuilles rougeoyantes
Nous déroulant un tapis de pensées flamboyantes
Là-bas derrière toutes les saisons un nouvel horizon

Nous attendait depuis la nuit des temps des pharaons